Dans leur ouvrage "Psychothérapie de l’attachement", Christine Genet et Estelle Wallon rappellent que toutes les expériences d’attachement vécues depuis la naissance forgent peu à peu un style d’attachement qui s’inscrit progressivement dans le fonctionnement de la personnalité.
Le créateur de la théorie de l’attachement, John Bowlby (1969), a établi que l’attachement est un système génétiquement programmé, avec une base biologique, qui assure la protection du bébé parce que son autonomie n’est pas suffisante pour assurer les besoins indispensables à sa survie.
A l’occasion d’un besoin insatisfait ou d’une peur, le bébé signale son besoin de protection en attirant l’attention des parents par des comportements d’attachement. Ces comportements évoluent en fonction de l’âge de l’enfant (succion, cris, pleurs, sourire…) et visent à le rapprocher de ses parents (ce qu’on appelle la régulation de la proximité) et à obtenir une réponse satisfaisante à son besoin émotionnel (régulation émotionnelle).
C’est à travers les soins quotidiens qu’ils prodiguent au bébé que les parents deviennent les figures d’attachement de l’enfant.
Selon les expériences vécues réellement pendant sa petite enfance, un humain se construit une vision du monde et de la relation qu’il va progressivement intérioriser sous forme de représentations des relations humaines.
Quand les parents répondent avec bienveillance et attention aux besoins d’attachement des enfants, ceux-ci développent un attachement "sécure"; quand les réactions des parents sont inadaptées (parents moins proches, moins accessibles, moins sensibles, moins attentifs...), l’enfant peut en venir à développer des stratégies dites "insécures" (dans une optique d’adaptation et de survie).
Christine Genet et Estelle Wallon établissent un parallèle entre les styles d’attachement des enfants et les styles d’attachement des adultes qui les ont entouré :
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un enfant à l’attachement "sécure" devient un adulte à l’attachement sécure (avec un modèle de soi positif et un modèle des autres positif).
L’enfant sécure est autonome, il explore facilement l’environnement, il est capable d’attirer l’attention d’autrui et d’exprimer ses besoins. Les stratégies d’attachement sont activées de manière appropriée (en cas de menace). Les enfants à l’attachement sécure représenteraient selon les auteures environ 60% de la population générale.
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un enfant à l’attachement "insécure ambivalent/évitant" devient un adulte à l’attachement "préoccupé" (modèle de soi négatif, modèle des autres positif)
L’enfant à l’attachement insécure ambivalent/résistant exprime ses besoins d’attachement de façon bruyante. Il peut se montrer à la fois demandeur de réconfort et agressif, difficile à satisfaire. Ses stratégies d’attachement sont trop activées. Ils représenteraient environ 10 % dans la population générale.
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un enfant à l’attachement "insécure évitant" devient un adulte à l’attachement "détaché" (modèle de soi positif, modèle des autres négatif)
L’enfant insécure évitant présente une pseudo-indépendance, il explore facilement l’environnement mais il exprime peu ses affects et peu ses besoins. Ses stratégies d’attachement sont peu activées (environ 20 % dans la population générale).
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un enfant à l’attachement "insécure désorganisé ou désorienté" devient un adulte à l’attachement "craintif" (modèle de soi négatif, modèle des autres négatif").
L’enfant à l’attachement insécure désorganisé/désorienté a un comportement chaotique et instable. L’enfant perd le lien avec ses émotions et sa vie affective. Les spécialistes de l’attachement parlent "d'une peur sans solution". Il n’a pas de stratégie d’attachement repérable.
Les styles d’attachement ont un impact sur de nombreux domaines de la vie : la réaction face au stress ou à la perte, le développement de l’empathie, les relations, la parentalité, le vieillissement, la santé physique et mentale, l’adaptabilité et l’insertion sociale…
Il est important toutefois de souligner que rien est automatique car beaucoup de facteurs entrent en jeu dans la construction et l’évolution du style d’attachement à l’âge adulte.
Christine Genet et Estelle Wallon rappellent en effet que l'attachement sécure peut-être acquis à l’âge adulte au fil des expériences positives de changement ("earned secure"), et que, malgré une vulnérabilité à la dépression, il est comparable à l’attachement sécure développé dans l’enfance.
Selon et à partir de l’ouvrage de Christine Genet et Estelle Wallon, « Psychothérapie de l’attachement » (chez Dunod)
De Ursula Clairet/Sophro-psy.fr