"Comme un vide en moi"

 

 

Pour le psychanalyste Moussa Nabati, l'hyperactivité et l’angoisse du vide qui caractérise la société actuelle risque de déposséder beaucoup d’entre nous de leur intériorité.

 

 

Dans son ouvrage "Comme un vide en moi", il s’intéresse au positif que nous trouvons grâce aux libertés, aux nouvelles technologies, à la possibilité d’être soignés mais s’interroge sur un éventuel problème de limites que cela peut poser pour certaines personnes.

 

En tant que psychanalyste, il observe notamment ce décentrage chez ceux qui sont dominés par leur «enfant intérieur», ceux qui vivent dans le besoin d'être reconnus et l'illusion qu'ils seront comblés par une consommation d'objets, d'activités ou de relations «bouche-trous». C'est alors que les produits proposés par notre société peuvent devenir envahissants.

 

La théorie qu’il développe dans ses livres est que certains d'entre nous ont vécu à un moment de leur enfance une «carence matricielle» quand leur mère, ou l'adulte qui s'occupait d'eux, s'est montré psychologiquement indispo­nible - et ce pour de multiples raisons qui ne doivent pas culpabiliser les mères. Ce peut être le fait d'une maman compétente mais qui, trompée, a sombré dans la déprime, ou une mère qui avait des ennuis dans son travail, etc. Dans ces périodes, l'enfant a fait l'expérience d'un vide de nourriture affective. L'adulte qu'il sera devenu aura tendance à fuir anxieusement toutes les situations qui évoquent de près ou de loin ce vide, et à quêter frénétiquement ce qui peut le combler : activités à outrance, hyper-consommation, addictions etc.

 

La psychanalyse aide essentiellement à prendre conscience de ce traumatisme vécu dans l'enfance ; le développement personnel cherche à apprendre au patient des manières de penser pour s'en libérer. Un compromis entre ces deux approches est essentiel.

 

Moussa Nabati pense qu’il faut d'une part avoir cherché les raisons de son incapacité à affronter le vide, mais aussi mettre en place dans sa vie certaines mesures nées de ce qu'on a appris sur cette difficulté à «freiner» dans certaines situations, afin de transformer son vide en source d'énergie.

 

Apprendre à ralentir, renoncer à certaines relations, prendre de la distance, apprendre à patienter, à faire silence… Tout cela revient à apprendre à respecter le vide.

 

Il est très négativisé dans nos sociétés mais on peut apprendre à ne plus se battre contre lui.

 

Selon et d’après Moussa Nabati  "Comme un vide en moi - Habiter son présent" (chez Fayard)

 

De Ursula Clairet/Sophro-psy.fr